Abstract |
Alors qu’il existe une grande diversité de valeurs attribuées à la nature, les déterminants sociaux habituels, tels que la catégorie socio-professionnelle, l’âge ou le sexe, se sont avérés peu explicatifs. Cet article explore le rôle de la socialisation, et plus particulièrement de la socialisation primaire dans le type de valeur que les individus affectent à la nature. L’enquête s’est déroulée dans les îles subantarctiques, choisies car la nature y est valorisée dans un contexte non-utilitariste et non-marchand, ce qui permet l’expression d’un grand nombre de valeurs. Nous avons analysé les correspondances entre les formes de socialisation des individus à la nature et les valeurs qu’ils lui affectent. La principale distinction met en tension deux instances de socialisation primaire : au sein de la famille et par les groupes de pairs. Les premières conduisent à une évaluation de la nature suivant un principe dominant et abstrait, les secondes à une évaluation égalitaire et concrète. En revanche, ceux qui n’ont pas été socialisés à la nature durant l’enfance ont plutôt tendance à mettre en avant la valorisation d’eux-mêmes acquise par l’expérience de nature. Si les trajectoires linéaires sont largement majoritaires, des renforcements ou des altérations sont possibles, montrant que certaines formes de socialisation secondaire peuvent faire ou évoluer les valeurs attribuées à la nature. |